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G. B Bonifacio, marquis d'Oria, est plutôt un cas extraordinaire qu'un grand homme. Il a passé sa vie à lire et à annoter des livres sur tous les sujets - et sa bibliothèque à Dantzig est conservée presque intacte - sans publier d'ouvrage. Il a correspondu assidûment avec presque tous les grands hommes de son temps, orthodoxes et hérétiques, sans être lui-même hérétique - et ses papiers ont subsisté, à Bâle notamment, en exceptionnellement grand nombre. Grand seigneur napolitain, il a vécu en exil du fait de ses convictions réformées sans jamais demeurer plus de quelques années dans la même ville, car des difficultés caractérielles, mélancolie, misogynie, lui faisaient chercher dans les voyages la seule issue possible à ses malheurs : M. Welti nous donne ici la première biographie de cet homme curieux, qu'une documentation exceptionnellement bien conservée permet de connaître dans les détails. Et les errances de Bonifacio nous introduisent dans tous les milieux "philippistes" - disons : de luthériens modérés et tolérants - de la seconde moitié du XVIe siècle.